
Cet article Folia est une mise à jour d’une version antérieure (26/05/2023). Des études récentes supplémentaires viennent renforcer les preuves d’efficacité et de sécurité du bedinvetmab chez le chien. Les études suivantes ont été rajoutées dans l’article : Krautmann et al. (2021), Michels et al. (2023) et Piquemal C. (2023).
Le Nerve Growth Factor (NGF) : une nouvelle cible moléculaire pour le traitement des douleurs articulaires
L’ostéoarthrite (OA) est une pathologie chronique au cours de laquelle plusieurs phases se succèdent. Dans un premier temps, des facteurs déclencheurs, mécaniques (forte pression sur les cartilages) ou inflammatoires et immunitaires (dégradation enzymatique) initient des dommages cartilagineux. Les produits de dégradation du cartilage et les médiateurs de l’inflammation libérés par les chondrocytes induisent une synovite à l’origine de nouveaux médiateurs pro-inflammatoires, notamment le Nerve Growth Factor (NGF)1, qui sensibilisent localement les terminaisons nerveuses.
En se liant à son récepteur (TrkA), le NGF migre ensuite vers le noyau cellulaire de ces terminaisons afférentes, dans le ganglion spinal, pour y activer plusieurs gènes dont les produits rendent les nerfs périphériques plus réactifs aux stimuli nociceptifs2 et à entretenir une inflammation neurogène3.
Au niveau médullaire, ces mécanismes accélèrent la transmission des signaux nociceptifs vers le cerveau. Le NGF contribue ensuite au remodelage cellulaire, notamment à la néovascularisation et à la germination neuronale au niveau articulaire ainsi que dans le ganglion spinal et la corne médullaire postérieure. L’articulation subit ainsi un processus de sensibilisation et de remodelage délétère aboutissant à la dégradation du cartilage et de l’os sous-chondral ainsi qu’à l’ostéophytose (EPAR* Librela, 2021). Une inflammation aiguë peut occasionnellement venir se greffer sur le processus chronique.
Le NGF joue un rôle majeur dans l’activation et la sensibilisation centrale et périphérique des fibres afférentes et des voies de conduction des signaux nociceptifs vers le cerveau. Il contribue au déclenchement et au maintien de l’inflammation articulaire ainsi qu’au remodelage des fibres nerveuses et des structures articulaires.
Les douleurs articulaires associées à l’OA : quelques repères physiopathologiques
Au cours de cette évolution, plusieurs mécanismes physiopathologiques se combinent pour générer les douleurs articulaires chroniques (Vetcompendium, 2013 ; O’Neill et Felson, 2018).
Le cartilage, structure non innervée ni vascularisée, ne génère pas de douleur. La stimulation de récepteurs nociceptifs4 localisés dans la membrane synoviale, le périoste, l’os sous-chondral et les structures périarticulaires, par des stimuli nociceptifs, mécaniques et inflammatoires, engendre des douleurs périphériques nociceptives5. Un stimulus mécanique, lié par exemple à des exercices intenses ou à une surcharge pondérale, peut être une source de douleur nociceptive. L’inflammation, en abaissant le seuil d’activation des nocicepteurs, induit un phénomène d’hyperalgésie primaire6.
Ces mécanismes, impliqués dans la phase initiale de la maladie, évoluent et avec eux la perception de la douleur. Les douleurs initiales, survenant lors de la mise en charge de l’articulation, font notamment place à des douleurs au repos, des douleurs référées7 et de l’hyperalgésie à distance8, révélatrices de douleurs neuropathiques9.
Cette évolution est liée à l’évolution de l’innervation à laquelle le NGF contribue au niveau articulaire. Au niveau central, un dysfonctionnement du traitement de la nociception au niveau de la corne médullaire postérieure et au niveau cérébral avec une altération des voies inhibitrices descendantes de la douleur est une source de douleurs nociplastiques10 se traduisant par de l’hyperalgésie, des allodynies11 et des troubles émotionnels.
Le NGF contribue, directement et indirectement, à l’induction et au maintien des douleurs nociceptives ainsi qu’au développement d’hyperalgésies primaire et secondaire et d’allodynies.
La mise au point de grilles d’évaluation de la douleur, adaptées aux différentes espèces animales, contribue à mieux analyser les types de douleurs, en relation avec les mécanismes physiopathologiques décrits ci-dessus et leur évolution au cours de la maladie.
Une nouvelle classe pharmacologique avec un mécanisme d’action original
Le grapiprant et les AINS interfèrent avec la cascade inflammatoire dépendante des cyclo-oxygénases (COX-2), responsables de la synthèse de prostaglandines et de thromboxanes pro-inflammatoires. Les AINS inhibent leur synthèse. Le grapiprant exerce une action en aval, plus ciblée, en bloquant les récepteurs EP4 activés par les prostaglandines E2 (PGE2) (voir Le grapiprant : un AINS comme les autres ?).
En raison du rôle joué par les neurotrophines dans la progression de l’OA, le NGF a été choisi comme nouvelle cible thérapeutique potentielle visée par des anticorps monoclonaux12 pour soulager la douleur associée à l'arthrose. A ce titre, le Librela® est un médicament biologique.
Efficacité du bedinvetmab : résultats cliniques
Plusieurs études d’efficacité ont été fournies en appui de la demande d’AMM* (EPAR Librela, 2021). Seules les études pivots sont résumées dans le présent article, principalement Corral et al. (2021) et Michels et al. (2023).
Dans une seule étude en double aveugle, randomisée, multicentrique et contrôlée avec un placebo, l’efficacité du bedinvetmab pour le soulagement de la douleur associée à l'arthrose chez le chien a été évaluée (Corral et al., 2021). 287 chiens souffrant d'arthrose à des degrés divers ont été sélectionnés (146 ont reçu un placebo et 141 une injection/mois de bedinvetmab (0.5 -1.0 mg/kg)13. Après 3 mois, 89 chiens ayant répondu positivement au bedinvetmab sur base des évaluations du propriétaire et du vétérinaire ont reçu jusqu'à six doses supplémentaires de bedinvetmab.
Le principal paramètre d'évaluation de l'efficacité du traitement était basé sur un score clinique (CBPI-Canine Brief Pain Inventory)14 réalisé par les propriétaires et conçu pour quantifier la sévérité de la douleur chronique (score PSS : Perceived Stress Scale score) et son impact sur les activités de routine (score PIS : Pain Intensity Score). La qualité de vie était aussi évaluée. Ces scores ont été contrôlés au cours de la phase initiale du traitement (trois premiers mois) et au cours de la phase de suivi pendant six mois. Les scores PIS et PSS initiaux du traitement étaient respectivement de 5,39 ± 0.11 (2.00 - 9.67) et de 4.75 ± 0.10 (2.00 - 9.00) chez des chiens avec des douleurs ostéo-articulaires modérées.
Le succès du traitement à un moment donné (28 j) est défini comme une réduction ≥1 du PSS et ≥2 du PIS par rapport à la valeur initiale (échelle 1-10). L'évaluation vétérinaire a été incluse comme paramètre secondaire pour l'évaluation de l'efficacité15.
Le pourcentage de succès du traitement était significativement plus élevé dans le groupe bedinvetmab que dans le groupe placebo du jour 7 à tous les points temporels évalués (p ≤ 0,0025)16.
Au jour 28, 43,5 % des chiens ont répondu au traitement avec bedinvetmab par rapport au placebo (16,9 %) (p ≤ 0,0017). Le succès du traitement s'est poursuivi jusqu'au jour 56 (50,8 %) et 84 (48,2%) dans le groupe bedinvetmab et était < 25% dans le groupe placebo à tous les moments. L'efficacité soutenue a été démontrée dans la phase de continuation mais aucune donnée quantitative ne peut être retenue en absence de placebo pendant cette période.
L'étude montre que l'ampleur de l'effet, bien que plus prononcé dans le groupe traité que dans le groupe placebo, n'est pas absolue. En d'autres termes, le PSS et le PIS ont diminué, mais ils étaient en moyenne de 3 après le traitement, ce qui indique que les animaux pouvaient encore ressentir un certain inconfort.
Les auteurs ont conclu que le bedinvetmab a démontré un effet significatif sur les trois composantes de la CBPI, une conclusion confirmée par le CVMP*. L’effet placebo marqué a été démontré dans cette étude. Dans un essai de terrain réalisé aux États-Unis, résumé dans l’EPAR* (2021), cet effet placebo était encore plus prononcé (36,6 %).
La deuxième étude (Michels et al., 2023) était aussi une étude en double aveugle, randomisée, multicentrique et contrôlée par un placebo qui évaluait l’efficacité (soulagement de la douleur) du bedinvetmab chez des chiens atteints d’OA. Les chiens ont été répartis aléatoirement selon un ratio 1 :1 dans le groupe placebo (solution saline, n=137) ou bedinvetmab (n=135). Les chiens ont reçu une injection sous-cutanée (0,5-1,0 mg/kg) une fois par mois durant 3 mois.
Le principal paramètre d’évaluation, le succès du traitement basé sur le CBPI au jour 28, visait une diminution du PSS de ≥1 et une diminution du PIS de ≥2, comme chez Michels et al. (2021). Pour le traitement, le PSS était de 5.24 ± 1.66 (2.00 - 10.00) et le PIS était de 5.97 ± 1.86 (2.17 - 9.67).
D’après les cas qui ont pu être évalués selon le CBPI au jour 28 (bedinvetmab : n=128 ; placebo : n=131), les pourcentages de succès étaient de 47,4% pour le groupe bedinvetmab et de 36,6% pour le groupe contrôle (p=0,0410). Les scores de succès du traitement augmentaient après la deuxième injection dans les deux groupes, se stabilisaient au jour 42 pour le bedinvetmab et diminuaient à partir du jour 84 pour le placebo. Les scores PIS et PSS atteignaient une moyenne d’environ 3 après le traitement.
Compte tenu de ces éléments, le bedinvetmab peut être considéré comme exerçant des effets antalgiques modérés vis-à-vis des douleurs ostéo-articulaires, faibles à modérées, chez le chien atteint d’OA. Une amélioration prolongée de la qualité de vie et sur la mobilité semble se maintenir pendant la durée de la période d’observation (9 mois).
Risques
Se basant sur le RCP* et des données collectées par Krautmann et al. (2021), la tolérance est très bonne. Les effets indésirables suivants ont été signalés :
- des réactions modérées au site d'injection (par exemple gonflement et chaleur) peuvent être observées de manière peu fréquente (1 à 10 cas sur 1.000).
- une soif (polydipsie) et une miction (polyurie) accrues sont rarement rapportées (1 à 10 cas sur 10.000).
- des réactions de type hypersensibilité (ex. anaphylaxie, prurit), une anémie ou une thrombocytopénie (à médiation immunitaire) sont très rarement rapportées (<1 cas sur 10.000).
Les anticorps monoclonaux, comme le bedinvetmab, peuvent, après administration, induire une réaction immunitaire s’ils sont reconnus comme étrangers à l’organisme. Cela peut conduire à des réactions d’hypersensibilité et/ou à une perte d’efficacité. Etant donné que le bedinvetmab est un anticorps entièrement canin, ce risque est limité. Le RCP/notice et les études cliniques l’ont confirmé.
Corrall et al. (2021) et Michels et al. (2023) ont mentionné 5 animaux au total (respectivement 4 et 1 animal) ayant développé des anticorps contre le médicament durant la période de traitement. Chez l’un de ces animaux, cela a pu être relié à une perte d’efficacité due aux faibles concentrations plasmatiques en bedinvetmab. Dans ces études, l’immunogénicité n’a pas causé d’effets indésirables.
Krautmann et al. (2021) n’ont pas trouvé d’anticorps ou d’immunogénicité induits par le médicament chez les 24 chiens traités.
Un rapport de pharmacovigilance français a étudié 135 cas d’effets indésirables suite à l’administration de bedinvetmab (Piquemal, 2023). Aucun lien causal entre l’administration de bedinvetmab et les effets indésirables n’a pu être établi dans 36% des cas. Dans la plupart des cas (75%), l’effet indésirable a été observé après la première administration et, dans 70% des cas, dans les 5 jours suivant l’administration. De manière générale, les effets indésirables mentionnés correspondent à ceux décrits dans le RCP. Piquemal (2023) a estimé l’incidence des effets indésirables à 0,08% (1 cas pour 1302 animaux traités).
L’ostéo-arthrite rapidement progressive, rapidly progressing OA (RPOA), est un effet indésirable décrit fortuitement chez l’homme après administration d’anticorps monoclonaux contre le NGF, principalement en combinaison avec des AINS. Il n’y a actuellement pas de notifications de RPOA chez le chien (Werts et al., 2024). Il est donc hautement improbable que cette pathologie survienne chez le chien.
Conclusions du CBIP
En se basant sur ces quelques études(Corral et al. (2021), Krautmann et al. (2021) et Michels et al. (2023)), financées par Zoetis, sur l’analyse des données formulée dans l’EPAR et sur les données de pharmacovigilance du médicament, les conclusions suivantes peuvent être tirées.
Bénéfices
En accord avec le titulaire d'autorisation de mise sur le marché (AMM), l'avantage du Librela®, administré à la dose de 0,5 à 1,0 mg/kg seulement une fois par mois, est son efficacité partielle dans le soulagement de la douleur modérée associée à l'arthrose chez les chiens. Ce traitement a entraîné des améliorations cliniquement pertinentes des scores d'évaluation par le propriétaire à propos de la sévérité de la douleur, de l'interférence de la douleur et de la qualité de vie chez les chiens souffrant d'arthrose légère à modérée. Les résultats ont été confirmés par une évaluation vétérinaire.
Il faut néanmoins noter que le nombre d’animaux répondeurs est modéré (amélioration du score de douleur de 43,5% des chiens traités versus 16,9% dans le groupe placebo) et que l’effet reste partiel si on juge les écarts entre les scores mesurés avant et pendant le traitement. Un effet significatif peut déjà être observé au 7ème jour de thérapie et se maintient pendant la durée du traitement.
Les résultats des essais cliniques ne permettent pas d’évaluer la réponse des animaux en fonction du degré de sévérité et de handicap avant le début du traitement. L’examen vétérinaire n’a pas été conçu pour identifier le mécanisme physiopathologique (central versus périphérique) ni le type et la nature des douleurs (hypersensibilité, allodynie, troubles comportementaux…). Ces informations pourraient permettre de mieux sélectionner les animaux répondeurs potentiels avant la mise en place du traitement ou d’orienter plus rapidement la thérapie vers des médicaments plus ciblés en cas de douleur nociplastique.
En cas d’effet insuffisant ou de nécessité d’induire un effet anti-inflammatoire aigu, remplacer le bedinvetmab par un AINS ou le combiner avec un AINS peut être nécessaire. Les données concernant la combinaison entre le bedinvetmab et un AINS restent limitées.
Krautmann et al. (2021) n’ont noté aucune augmentation du nombre d’effets indésirables en cas d’administration concomitante de carprofène et de bedinvetmab à 24 Beagles pendant 2 semaines. Contrairement aux études d’efficacité, il s’agissait ici de chiens en bonne santé. Il n’y a pas d’étude chez des chiens atteints d’OA ou traités à long terme disponible. Etant donné le manque d’études combinant les 2 médicaments sur le long terme, l’administration concomitante de bedinvetmab et d’un AINS ne peut pas être recommandée actuellement.
Une approche conservatrice lors du passage des AINS au bedinvetmab peut consister à poursuivre le traitement avec l'AINS pendant une semaine supplémentaire après une administration sous-cutanée de bedinvetmab, puis à l'interrompre ou à le réduire progressivement afin de conserver une analgésie suffisante. En effet, le bedinvetmab est efficace à partir d’une semaine de traitement. D'autre part, il existe des preuves, bien que limitées, que les AINS et le bedinvetmab peuvent être combinés pendant deux semaines. Il conviendra de tenir compte de la pharmacocinétique de l’AINS. Par exemple, l’enflicoxib et le mavacoxib sont encore efficaces pendant respectivement 1 et 4 semaines après la dernière administration.
Risques
Sur base de la nature des effets indésirables mentionnés dans les notices et en absence d’études comparative directe avec les AINS, la tolérance semble bonne. Une réduction des effets chez certains animaux ne peut être exclue en raison d’une immunisation contre les anticorps monoclonaux.
Limites
Dans toutes les études examinées, aucune distinction n'a été faite entre les différents paramètres (tels que l'articulation affectée ou la gravité de la maladie). Par conséquent, on ne peut donner qu'un aperçu général du traitement des chiens souffrant de douleurs ostéo-articulaires.
Le bedinvetmab apparaît comme une alternative crédible aux AINS et au grapiprant pour traiter les douleurs ostéoarticulaires faibles à modérées en première ligne ou en cas d’intolérance à ces molécules. Le choix devra également prendre en compte l’analyse coût/bénéfice.
Les études d’efficacité actuelles sont contrôlées par un placebo et montrent une amélioration des scores de douleur, qui restent des paramètres subjectifs. Ces scores subjectifs, bien que pertinents, présentent un risque de biais de mesure. Des preuves probantes supplémentaires pourraient résulter d’une démonstration de l'efficacité sur base de paramètres objectifs (ex. analyse de la plaque de pression).
L’efficacité a été démontrée jusqu’à 9 mois après le début du traitement. Il n’y a pas de données disponibles sur des périodes plus longues ou sur l’apparition d’une accoutumance éventuelle.
En absence de preuves comparatives directes permettant d’évaluer le rapport bénéfices/risques de ces diverses molécules, il est impossible de réaliser une comparaison quantitative des résultats d’efficacité entre les AINS et le bedinvetmab. Aucune donnée sur leur combinaison à long terme (> 2 semaines) ou une combinaison avec d’autres analgésiques n’est disponible.
Sur le plan de la tolérance, le Librela® apparaît comme un médicament bien toléré. Les études d’efficacité et de tolérance ayant été financées par Zoetis et impliquant des investigateurs employés par la firme au moment de de leur réalisation, il serait souhaitable de disposer de suivis cliniques totalement indépendants, idéalement intégrant les principaux comparateurs, et à long terme pour se forger une opinion définitive.
En conclusion, le CBIP estime que le bedinvetmab, tout comme les AINS, est un traitement de première ligne approprié contre les douleurs ostéo-articulaires légères à modérées chez le chien atteint d’OA. Le traitement de l’OA requiert une approche holistique, comprenant une intervention pharmacologique et la prise en compte d’autre facteurs, tels que le contrôle du poids et une activité physique et un cadre de vie adaptés.
Notes
Le facteur de croissance nerveuse ou Nerve Growth Factor (NGF) est un polypeptide de la famille des neurotrophines. Il est impliqué dans la croissance, la prolifération et la survie de neurones et de diverses autres cellules. Chez les animaux adultes, le NGF semble jouer un rôle important dans la sensibilisation des nocicepteurs après une lésion tissulaire.
stimuli nociceptifs : capables de produire des lésions tissulaires.
inflammation résultant de la libération locale, par des neurones afférents, de médiateurs inflammatoires comme la substance P (SP), le peptide relié au gène calcitonine (CGRP), la neurokinine A (NKA) et l’endothéline-3 (ET-3)...
récepteurs sensibles à un stimulus nociceptif ou qui pourraient le devenir s’il se prolongeait.
douleurs déclenchées par l’activation de nocicepteurs et causées par l’inflammation ou des lésions responsables d’un excès d’influx douloureux véhiculé via des voies nerveuses intactes. La douleur est localisée au niveau de la stimulation et de topographie non neurologique.
réponse exagérée à une stimulation nociceptive en zone inflammatoire.
douleur référée : douleur ressentie à distance de son foyer de lésion.
hyperalgésie secondaire ou à distance : hyperalgésie siégeant en dehors de la zone inflammatoire.
douleurs neuropathiques : douleurs initiées ou causées par une lésion ou un dysfonctionnement du système somato-sensoriel central ou périphérique.
douleurs nociplastiques : douleurs résultant d’une altération du traitement du message douloureux par le système nerveux central et se traduisant cliniquement par des troubles de la sensibilité (hyperalgésie, allodynie…) et des troubles émotionnels (anxiété, dépression, agressivité…).
allodynie : douleur provoquée par un stimulus qui normalement ne produit pas de douleur.
Les anticorps monoclonaux sont fabriqués spécifiquement à des fins thérapeutiques. Ils sont produits par des clones cellulaires (bactéries, levures ou cellules eucaryotes) sélectionnés et cultivés en vue de produire un anticorps particulier.
Caractéristiques des animaux sélectionnés (EPAR, 2021) :
Animaux : 287 chiens de clients, dont 57,5 % de race pure et 42,5 % de race mixte, 46,3 % de mâles et 53,7 % de femelles. Le labrador retriever était la race prédominante (32,7 %), suivi du golden retriever (10,9 %), du berger allemand (10,9 %) et du colley (4,2 %). L'âge moyen était de 8,9 ans. Le poids corporel moyen était de 26,7 kg. Les chiens présentaient une arthrose de la hanche (48,1 %), du coude (26,7 %), du grasset (17,6 %), du carpe (5,3 %), de l'épaule (1,3 %) ou du tarse (0,9 %). Les chiens ont été répartis au hasard dans le groupe Librela® (n = 141) ou dans le groupe placebo (n = 146).
Eligibilité : chiens de propriétaire (>12 mois) en bon état général avec des signes cliniques d'arthrose dans au moins une articulation des membres pelviens ou thoraciques confirmés par des examens orthopédiques et par des preuves radiographiques. Un score de sévérité de la douleur (PSS) et un score d'interférence de la douleur (PIS) ≥2 sur le CBPI complété par le propriétaire. Une évaluation de « modérément atteint », « gravement atteint » ou « presque incapable » pour au moins une des évaluations vétérinaires catégorielles lors des examens orthopédiques par le vétérinaire examinateur dans au moins une articulation postérieure (hanche, grasset, tarse) ou thoracique (épaule, coude, carpe) au jour 0.
Bien que les scores de départ étaient très étendus (PIS : 2,33 – 9,50 ; PSS (2,00 – 9,00), les moyennes et les écarts types (PIS : 5,14 ± 0,15 ; PSS : 4,66 ± 0,13) indiquaient que les animaux souffraient majoritairement de douleur modérée.
Le questionnaire aboutissant au score CBPI contient 11 questions au total : 4 questions relatives à la sévérité de la douleur évidente chez un chien (les réponses à ces questions peuvent être utilisées pour calculer une valeur moyenne qui fournit le score de sévérité de la douleur - PSS) et 6 questions relatives à la façon dont la douleur interfère avec les activités typiques du chien (les réponses à ces questions peuvent être utilisées pour calculer une valeur moyenne qui fournit le score d'interférence de la douleur - PIS).
La « boiterie/mise en charge », la « douleur à la palpation/manipulation d'articulation(s) » et les « conditions musculosquelettiques générales » ont été évaluées comme « cliniquement normales», « légères », « modérées », « sévères » ou « presque incapacitantes » pour décrire au mieux l'état d'arthrose du chien au moment de chaque visite d'étude.
Protocole expérimental détaillé
Le critère principal d'efficacité était le succès du traitement à J28 sur la base de l'évaluation par le propriétaire de la douleur mesurée sur le CBPI. Les éléments suivants ont été calculés pour le CBPI :
Score de sévérité de la douleur (PSS) du CBPI : moyenne des questions 1 à 4
Score d'interférence de la douleur (PIS) du CBPI : moyenne des questions 5 à 10
Le succès du traitement a été défini comme une réduction ≥1 du PSS et ≥2 du PIS, selon les recommandations officielles validées, principalement au jour 28 et secondairement aux jours 7, 14, 42, 56 et 84. Les chiens qui ont nécessité un traitement de secours ou ont été retirés pour manque d'efficacité avant la visite du jour 28 ont été considérés comme des échecs de traitement au jour 28.
Évaluations catégorielles vétérinaires (VCA) : le vétérinaire a classé la « boiterie/mise en charge », la « douleur à la palpation/manipulation d'articulation(s) » et l’ « état musculo-squelettique général » comme « cliniquement normal », « léger », « modéré », « sévère » ou « presque invalidant », des scores décrivant au mieux l'état de l’arthrose au moment de chaque visite d'étude.
*Abréviations utilisées
*AMM : Autorisation de mise sur le marché
*EMA : European Medicines Agency
*EPAR : European public assessment report
*CVMP : Committee for Veterinary Medicinal Products
*RCP : résumé des caractéristiques du produit
Bibliographie
- Corral M.J., Moyaert H., Fernandez T., Escalada M., Terna J., Walters R.R., Stegemann M.R. A prospective, randomized, blinded, placebo-controlled multisite clinical study of bedinvetmab, a canine monoclonal antibody targeting nerve growth factor, in dogs with OA. Veterinary Anaesthesia and Analgesia. 48, 943-955, 2021.
- EPAR* CVMP* assessment report, EMA*/518235/2020. 5 janvier 2021
- Folia veterinaria. Le grapiprant : un AINS comme un autre ? 27 janvier 2023
- Krautmann, M., Walters, R., Cole, P., Tena, J., Bergeron, L. M., Messamore, J., ... & Chouinard, L. (2021). Laboratory safety evaluation of bedinvetmab, a canine anti-nerve growth factor monoclonal antibody, in dogs. The Veterinary Journal, 276, 105733.
- Michels G.M., Honsberger N.A., Walters R.R., Tena K.S., Cleaver D.M. A prospective, randomized, double-blind, placebocontrolled multisite, parallel-group field study in dogs with osteoarthritis conducted in the United States of America evaluating bedinvetmab, a canine anti-nerve growth factor monoclonal antibody. Veterinary Anaesthesia and Analgesia. 50, 446-458, 2023.
- O’Neill T.W., Felson D.T. Mechanisms of osteoarthritis pain. Current Osteoporosis Reports. 16, 611-616, 2018
- Piquemal C. Lokivetmab, bedinvetmab et frunévetmab : des traitements innovants mais sont-ils toujours bien tolérés ?. Revue Vétérinaire Clinique, 2023, 58 (2), pp.71-73. 10.1016/j.anicom.2023.02.004.
- Vetcompendium. L’analgésie en médecine vétérinaire. Folia veterinaria. 15-10-2013.