
Lors du traitement des chiens souffrant d'épilepsie idiopathique, une observance thérapeutique stricte par le propriétaire est essentielle pour garantir la meilleure efficacité possible en termes de réduction de fréquence et d’intensité des crises et, idéalement, de prévention. Une mauvaise observance thérapeutique est un facteur confondant rendant difficile la distinction entre les cas d’épilepsie réfractaire et pseudo-réfractaire. Cette confusion peut conduire à des changements inappropriés de médication, à de la polythérapie et à des surdosages inutiles, ayant pour conséquence une incidence accrue d'effets indésirables comme l'ataxie et la sédation. Par ailleurs, une fréquence plus élevée des crises est une source de stress pour l’animal et une charge émotionnelle pour le propriétaire. Ces raisons expliquent pourquoi selon certaines études, 40% des chiens dont les crises d'épilepsie étaient mal contrôlées ont finalement dû être euthanasiés (1).
Une étude rétrospective (1), menée dans trois pratiques vétérinaires du Royaume-Uni, a permis d’évaluer au cours d’une période de 2 ans, l'observance thérapeutique des propriétaires de 94 chiens souffrant d'épilepsie idiopathique. Pour ce faire, il a été vérifié si le nombre de comprimés anti-épileptiques administrés par le propriétaire de l'animal était conforme à celui recommandé dans la prescription, entre deux visites chez le vétérinaire. La période séparant les deux consultations était en moyenne de 32 jours (1-529 jours). L'observance thérapeutique a été quantifiée en établissant le rapport, exprimé en pourcentage, entre le nombre de périodes au cours desquelles aucune dose n’a été manquée et le nombre total de périodes. L'étude a montré une observance thérapeutique médiane de 56%. Une observance ≥80% a été enregistrée chez un propriétaire sur trois. Seul un propriétaire sur cinq a respecté une observance de 100%. Lorsque l’observance n'était pas complète, le traitement n’était pas administré pendant, en moyenne, 6 jours (0,11-519 jours). Le manque d’observance ne semblait pas influencé par le nombre de comprimés prescrits par jour ni par le fait que les animaux soient assurés ou non. L'observance thérapeutique chez les chien soumis à une polythérapie était plus élevée que chez ceux suivant une monothérapie (p = 0,031). Les animaux dont les crises sont difficilement contrôlables reçoivent différents anti-épileptiques. Selon les auteurs de l'étude, les propriétaires de ces animaux devaient être plus motivés à respecter les prescriptions que ceux ayant à gérer des chiens dont les crises sont mieux contrôlées et parfois absentes sur de longues durées.
Une seconde enquête, réalisée en ligne (1) visait des propriétaires partageant leurs expériences relatives à leurs chiens épileptiques sur des forums. Les participants de l'enquête (n=229) estimaient leur observance thérapeutique relativement élevée : tous les participants rapportaient une observance d'au moins 80% et 65% d'entre eux déclaraient suivre scrupuleusement les prescriptions (observance : 100%). L'observance thérapeutique diminuait en cas d'administrations quotidiennes multiples. Aucun lien n'a été montré entre l'observance thérapeutique et des facteurs comme la fréquence des crises, la polythérapie, le nombre total de comprimés par jour, le nombre de visites chez le vétérinaire, le nombre de vétérinaires traitants ou l'information donnée au propriétaire par le vétérinaire. Il est à remarquer que 23% des participants avait déjà adapté le protocole de traitement sans concertation avec leur vétérinaire, ce qui en soit est déjà une non observance.
L'observance thérapeutique mesurée au cours de la première enquête est donc faible en comparaison de celle déclarée par les propriétaires en ligne. Les résultats de cette étude sur l'observance thérapeutique chez les propriétaires de chiens au Royaume-Uni ne peuvent pas nécessairement être extrapolés aux propriétaires de chiens belges. Le vétérinaire doit donc évaluer au cas par cas si l'observance thérapeutique est une cause d'échec thérapeutique ou non. Une mauvaise observance thérapeutique peut conduire à une concentration plasmatique réduite en anti-épileptiques, diminuer leur efficacité et accroître la fréquence des crises convulsives, une situation qualifiée d’épilepsie pseudo-réfractaire. Cette dernière, résultant d’une mauvaise observance thérapeutique, doit être différenciée de l'épilepsie réfractaire.
Source
- Booth S., Meller S., Packer R. M.A., Farquhar R., Maddison J.E, Volk H.A. Owner compliance in canine epilepsy. Veterinary Record 2021;e16. DOI: 10.1002/vetr.16