Folia Veterinaria

Les ectoparasiticides ont-ils un impact sur les oiseaux nicheurs ?

datum publicatie: 25-04-2025
Espèce cible
animaux sauvages
Indication
puces
tiques
acariens de la gale et poux
mouches
moustiques
Substance active
dinotéfurane
perméthrine
imidaclopride
fipronil
Sujets
Antiparasitaires
Environnement
Pharmacovigilance

Une étude récente (Tassin de Montaigu et al., 2025) a été consacrée à l’analyse des insecticides présents dans les poils utilisés dans des nids de mésanges bleues et charbonnières. Les chercheurs ont également investigué l’impact potentiel de ces insecticides sur les poussins.

Pour cette étude, des bénévoles appartenant à une association ornithologique britannique ont collecté les nids présents dans leur jardin (nichoirs). Les chercheurs ont ensuite recherché les pesticides présents sur les poils utilisés pour ces nids et quantifié les œufs non éclos et les poussins morts (103 nids observés).

Entre 2 et 11 insecticides différents ont été trouvés sur les poils de chaque nid. Les concentrations les plus élevées concernaient le dinotéfurane (7198 ppb), la perméthrine (6274 ppb) et la cyperméthrine (4260 ppb). Le fipronil (100% des nids des 2 espèces), l’imidaclopride (89,1% des nids de mésange bleue et 87,2% des nids de mésange charbonnière) et la perméthrine (89,1% des nids de mésange bleue et 84,6% des nids de mésange charbonnière) sont les trois insecticides le plus souvent détectés dans les nids. Tous ces insecticides sont utilisés comme ectoparasiticides au Royaume-Uni.

Pour tous les nids (N=103), le nombre d’œufs non éclos était significativement corrélé à la concentration en pesticides. Pour les nids provenant de zones urbaines (N=39), le nombre de poussins morts était significativement corrélé à la concentration en pesticides. Une tendance similaire mais non significative a été observée entre le nombre de poussins morts et le nombre d’insecticides détectés (mésange charbonnière uniquement).

Y a-t-il un impact sur la reproduction des oiseaux nicheurs ?

Tassin de Montaigu et al. (2025) ont analysé des nids de mésange charbonnière et de mésange bleue mais d’autres espèces utilisent également des poils pour leur nid. L’étude a montré que les oiseaux étaient exposés à plusieurs insecticides (ectoparasiticides) via la fourrure contaminée.

Cette étude présente cependant des limitations :

  • Les tendances observées entre le nombre de poussins morts et d’œufs non éclos et le nombre/concentration en insecticides sont des corrélations et non des liens de cause à effet. D’autres facteurs (conditions climatiques, nourriture) peuvent également entrer en compte.
  • Les poils utilisés pour les nids ont aussi bien pu être contaminés par l’environnement (résidus présents dans le sol, l’eau) que par un traitement ectoparasiticide. Il reste difficile de différencier les deux types de contamination. De plus, les espèces à qui appartiennent les poils n’ont pas été déterminées. On ne sait donc pas si ces poils appartiennent à des espèces domestiques (potentiellement traitées) ou sauvages (non traitées).
  • Les bénévoles qui ont récolté les nids sont membres d’une association ornithologique et utilisent donc potentiellement moins d’ectoparasiticides pour traiter leurs animaux de compagnie. Les résultats de l’étude ne sont peut-être pas extrapolables au reste du territoire britannique (et de l’Europe).
  • Le nombre de poussins morts et d’œufs non éclos est probablement sous-estimé dans l’étude. Les nids ont été récoltés après la période de nidification, or les oiseaux adultes repoussent les œufs non éclos et les poussins morts hors du nid. Il est donc possible que des poussins morts et des œufs non éclos supplémentaires n’aient pas été retrouvés. Il est également probable que les concentrations en insecticides aient diminué entre le moment où les nids ont été construits et le moment où ils ont été récoltés.

En outre, l’exposition cutanée des oiseaux aux insecticides (p.ex. par contact direct avec des poils contaminés) est encore peu étudiée.

Commentaire du CBIP

L’étude de Tassin de Montaigu et al. (2025) ne permet pas d’affirmer que les poils contaminés aux ectoparasiticides ont un impact sur la reproduction des oiseaux nicheurs même si ces derniers et leur progéniture étaient en contact avec plusieurs de ces substances directement dans leur nid.

Il s’agit donc d’une étude supplémentaire qui appelle à un usage raisonné des ectoparasiticides afin de limiter leur impact environnemental (voir aussi articles Folia 2024, 2023 et 2019).

Vous pouvez signaler tout effet indésirable potentiel de médicament vétérinaire sur l’animal, l’humain ou l’environnement via le formulaire en ligne de l’AFMPS.


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