Info pharmacothérapeutiques

Fluoroquinolones

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date de la dernière mise à jour 13-09-2024
Groupe
Antibactériens à usage systémique
Indication
infection bactérienne - peau
infection bactérienne respiratoire
infection bactérienne - gastro-intestinal
infection bactérienne - uro-génital
septicémie
infection bactérienne - syst ostéo-articulaire
infection bactérienne - otite
infection bactérienne - mammite
infection bactérienne - tissus mous
Substance active
fluméquine
enrofloxacine
marbofloxacine
danofloxacine
orbifloxacine
pradofloxacine
Indication

Les fluoroquinolones dérivent des quinolones et s’en distinguent notamment par l’ajout d’un atome de fluor. Les quinolones et les fluoroquinolones diffèrent aussi par leurs spectres respectifs d’activité et leurs propriétés pharmacocinétiques. Ce groupe comprend la fluméquine, une ancienne fluoroquinolone utilisée dans le traitement des infections digestives chez les animaux de rente, et des dérivés plus récemment développés : l'enrofloxacine, la marbofloxacine, la danofloxacine et la pradofloxacine. Ce sont des substances d’origine purement synthétique.

Les fluoroquinolones ont une activité bactéricide. Elles sont actives contre les aérobies GRAM- (y compris Pseudomonas aeruginosa), les mycoplasmes et les rickettsies, mais peu actives contre les bactéries anaérobies à l’exception de la pradofloxacine. Leur activité vis-à-vis des GRAM+ est variable, mais reste modérée. Les fluoroquinolones les plus récentes utilisées en médecine humaine sont plus actives sur les bactéries Gram+ et sur les bactéries anaérobies.

Les résistances sont avant tout la conséquence de mutations dans les gènes qui codent pour les topoïsomérases bactériennes, mais aussi parfois de l’existence de systèmes d’efflux visant à extraire l’antibiotique des corps bactériens. En revanche, les schémas posologiques récents basés sur l’utilisation systémique de fortes doses d’antibiotiques pendant un temps relativement court assurent une efficacité optimale et limitent probablement l’émergence de résistance. L’émergence récente de mécanismes de résistances à bas niveau ou subcliniques (mécanismes Qnr par exemple) renforce la nécessité du strict respect du schéma posologique.

Afin de s’assurer de l’usage rationnel des fluoroquinolones, maintenant légalement reconnues comme étant des antimicrobiens critiques dont l’usage doit être limité pour préserver la santé publique, l’AR du 21 juillet 2016 relatif aux conditions d’utilisation des médicaments par les médecins vétérinaires et par les responsables des animaux, modifié par l’AR du 21 juillet 2023, prévoit que ces antibiotiques ne peuvent être utilisés chez des animaux (aussi bien producteurs de denrées alimentaires que de compagnie et chevaux) qu’après avoir apporté la preuve, par un test de sensibilité, des résistances aux autres catégories de substances antimicrobiennes et de sensibilité aux antibiotiques critiques.
(AR 21/07/2016 - plus d’infos sur le site de l’AFMPS).
Voir aussi "Conditions d'utilisation des antibiotiques d'importance critique".

Dans certains cas, l’inefficacité d’un médicament « non critique » n’est pas le résultat d’une résistance à l’antibiotique mais d’une inadéquation entre la pharmacocinétique de la préparation et le niveau de sensibilité du germe visé. Dans de telles situations, il convient de vérifier que les autres médicaments contenant l’antibiotique réputé actif, in vitro, contre le germe, ne possèdent pas de profils plus adaptés. Dans le cas contraire, le recours à un antibiotique critique sera éventuellement incontournable si aucune autre famille « non critique » ne peut être sélectionnée. Les principes de cette analyse PK/PD et du processus décisionnel complet conduisant au choix d’un antibiotique ont été détaillés dans les Folia veterinaria ainsi que quelques exemples emblématiques (Folia n°2, 2016, n°1, 2015, n°3 2011).

Pour plus d’informations sur la résistance chez les fluoroquinolones, voir Folia Veterinaria 2004 n°3 et 2008 n°3.

Les médicaments répertoriés dans cette famille d’antimicrobiens peuvent être indiqués, selon les spécialités, les germes visés et les espèces cibles, pour le traitement des pathologies infectieuses au niveau respiratoire, digestif, urinaire, génital (prostatite, épidydimite, pyomètre), cutané (pyodermite, furonculose, folliculite, plaies), des tissus mous, ainsi que des mammites, du syndrome MMA chez le porc, des septicémies, des arthrites, et des otites. Les germes impliqués dans ces pathologies et potentiellement sensibles à ces antimicrobiens sont le plus souvent rappelés dans les RCP. De la même manière, les données pharmacocinétiques sont disponibles pour de nombreux médicaments.

Pharmacodynamie

Les fluoroquinolones agissent par inhibition des protéines (topoïsomérases) qui stabilisent la structure tridimensionnelle de l’ADN bactérien, dont l’ADN gyrase.

Pharmacocinétique

Les fluoroquinolones sont rapidement et complètement absorbées (80 - 100 %) oralement chez les monogastriques. Des concentrations sériques maximales sont atteintes environ 1 heure après l'ingestion. L'absorption orale diminue en présence d'aluminium ou de magnésium présents dans les préparations anti-acides.

Chez les ruminants, la biodisponibilité orale est plus faible. Du fait de leur caractère liposoluble, la distribution tissulaire des fluoroquinolones est large ; elles pénètrent bien au niveau des sécrétions bronchiques, des os et des cartilages ainsi que de la prostate. Leur concentration élevée dans les macrophages et les neutrophiles contribue à concentrer l’antibiotique au niveau des sites entrepris par une vive réaction inflammatoire. Elles sont partiellement métabolisées par le foie et excrétées sous forme active par la bile et les urines. Les concentrations urinaires peuvent être jusqu'à 10 fois supérieures à celles du plasma.

Contre-indication

L’usage des fluoroquinolones chez des animaux présentant des troubles articulaires ou de la croissance doit se faire avec la plus grande prudence si d’autres solutions thérapeutiques ne sont pas envisageables. Ne pas utiliser en cas de troubles convulsifs ou d’épilepsie car les fluoroquinolones, telles que l’enrofloxacine ou la pradofloxacine, peuvent entraîner une stimulation du système nerveux central.

Effets indésirables

Les fluoroquinolones sont peu toxiques. Leur principal effet indésirable est l'érosion des cartilages chez les chiens en croissance. Pour cette raison, il est conseillé de consulter la rubrique « Contre-indications » dans les notices relatives à chaque spécialité afin de tenir compte des particularités de chaque antibiotique. En général, l'administration de fluoroquinolones chez les chiens de moins d'un an ou de moins de 18 mois pour les grandes races est déconseillée. Dans le cas de la marbofloxacine, le délai signalé dans la notice est plus court.

Des troubles digestifs, notamment des nausées et des diarrhées, et des signes nerveux ont été décrits à très fortes doses. Des effets toxiques au niveau de la rétine conduisant à la cécité ont été observés chez le chat lors de surdosages avec l’enrofloxacine.

Des réactions locales au site d'injection, dont la gravité varie selon l’espèce, peuvent être observées.

Interactions

La clairance hépatique d'autres médicaments métabolisés par le foie (théophylline) peut être réduite par l'administration des quinolones.

Les produits à base de cations bivalents et trivalents, comme le calcium, le fer, le magnésium, le zinc ou l’aluminium, peuvent réduire l’absorption des fluoroquinolones.

Les fluoroquinolones peuvent avoir des effets antagonistes avec les tétracyclines, les phénicols et les macrolides.

Précautions particulières

L’administration orale de fluoroquinolones chez les espèces animales de rente pose de manière particulièrement aiguë le problème de l’émergence de bactéries résistantes dans la flore bactérienne digestive et de l’impact de cette pratique sur le transfert de ces populations bactériennes chez l’homme. Pour cette raison, les fluoroquinolones sont des antimicrobiens de deuxième ligne qui ne devraient être administrés qu’après l’identification du germe et la détermination de sa sensibilité, chaque fois que cela est possible, chez les animaux malades ou au sein des troupeaux. Par ailleurs, les fluoroquinolones devraient être réservées au traitement des maladies infectieuses peu sensibles ou suspectées répondre faiblement aux autres antibiotiques. Cette suspicion doit pouvoir se justifier par des informations scientifiques ou des données cliniques avérées.

Il est conseillé de ne pas utiliser les fluoroquinolones chez les animaux atteints de troubles du système nerveux central (SNC) comme l’épilepsie, ces antibiotiques étant susceptibles d’induire des convulsions chez les animaux prédisposés.

Reproduction & lactation

L’innocuité de la plupart des fluoroquinolones en période de gestation ou de lactation n’est pas établie. Des malformations liées à l’administration de fluoroquinolones ont été observées chez certaines espèces de laboratoire.

L'exposition des oiseaux utilisés pour la reproduction et de leurs oeufs aux fluoroquinolones doit être évitée, étant donné l'influence négative des fluoroquinolones sur le développement embryonnaire aviaire.

Médicaments vétérinaires